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Centre de Minéralogie et de Paléontologie de Belgique
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La localisation des minéraux et des fossiles
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© Texte et Photos : MJX, sauf indication contraire.

1. Introduction

Pour les amateurs sérieux que nous sommes tous, il est du plus haut intérêt, non seulement de nommer convenablement les fossiles ou les minéraux de nos collections, mais aussi de connaître avec la plus grande précision possible l’endroit où ils ont été trouvés.

2. Les noms de lieux

La première façon qui nous vient à l’esprit est de nommer le lieu de la trouvaille, c'est-à-dire de lui donner le nom usuel de la carrière, du lieu-dit,…que l’on trouve généralement (mais pas toujours) sur les cartes bien détaillées à grande échelle, par exemple les cartes dites d’état-major.

On verra ci-dessous que ce n’est pas si simple.

2.1. les changements de noms

Les premiers géographes qui ont arpenté le monde en vue d’établir des cartes ont déjà eu quelques difficultés. A cette époque, ils ont dû interroger la population locale ou inventer des noms…

On ne compte pas sur les anciennes cartes le nombre de « terres inconnues », « îles inaccessibles », les pics « sans noms », les lieux-dits « nosé , nosabe , sensanome , dinnesainy , tumemmerdes , jemenfou ».

Certains noms ont aussi changé au cours du temps, suite aux guerres, invasions, occupations, révolutions, ou pour des motifs politiques divers…ou ont simplement été retranscrits de façon erronée.

Un exemple : Fauquez...

Fauquez est un petit village hennuyer qui a connu son heure de gloire avec la verrerie d’Arthur Brancart et sa célèbre marbrite ( non, ce n’est pas un minéral ! mais un verre coloré translucide à opaque utilisé comme du marbre pour le parement des bâtiments ).

Fauquez est aussi connu des paléontologues pour les graptolites que l’on trouve notamment au lieu-dit « château de Fauquez » (Caradocien) , des géologues pour plusieurs dikes de laves porphyroïdes, notamment au bois des Rocs et des minéralogistes pour une poche avec quelques cristaux de quartz ( cf. fauquez.php et promenadegeol.php  )

Fauquez était écrit Fauqué sur les cartes de Ferraris, à l’époque des Pays-Bas autrichiens (1777). Mais pendant des siècles de fierté wallonne, le village s’est écrit Fauquez, y compris sur les cartes de l’IGM (institut géographique militaire). En 1983, l’ IGNB dans sa nouvelle carte au 1/20.000 écrit Fauqué et bien d’autres anomalies, comme s’ils avaient voulu franciser ou imposer une nouvelle orthographe pour tous les lieux-dits wallons (exemple aussi Scoufflény devient Scouffléni, Belle-tête devient Belles-têtes, Mâlon-fontaine devient Môlonfontaine,…. ). Peut-être ont-ils réagi à ma lettre de protestation…Toujours est-il que dans la nouvelle édition (2000) Fauqué est redevenu Fauquez (mais les autres erreurs sont restées….). Mais le mal était fait ! Si bien que la carte géologique détaillée accessible sur le net ( cf. cartegeolbelgique.php ) qui reprend comme fond la carte IGN au 1/20.000 indique formation de Fauquez à Fauqué….

Remarquons que l’orthographe Fauqué ne donne rien sur Google.

Actuellement, suite à la fusion des communes, Fauquez est devenu un hameau de Braine-le-Comte (et pas Braine-le-Compte comme je l’ai vu écrit un jour…..)

Mais ce n’est qu’un exemple...

Qui connaît encore les villages de Mi, On , Lo , Sy , Ny , Wy , tous en Belgique (je me suis limité aux noms de 2 lettres par manque de place) ?

Même mon village d’origine pose problème : Ecaussinnes, Ecaussines (avec un seul n), Ecaussinne (sans s), Scaussènes (en wallon), de plus il y avait plusieurs Ecaussinnes ( - d’Enghien, - Lalaing, Marche-lez-Ecaussinnes et même Ecaussin(n)e(s)-Carrière(s), les variantes sont presque infinies )

A l’étranger pour des raisons diverses, on a vu de nombreux changements de noms :

Léopoldville --> Kinshasa , Stanley ville --> Kisangani , Elisabethville --> Lubumbashi

Pékin –> Beijing , Bombay –> Mumbai , essentiellement pour des raisons d’authenticité.

Leningrad est redevenu Saint-Petersbourg (Санкт-Петербург en russe) après un court passage par Petrograd.

Mais même les pays ont très souvent changé de nom : Congo – Congo belge – Zaïre – République démocratique du Congo - ...
Et bien d’autres pays africains, anciennes colonies….

URSS – disparue, morcelée…

Honduras britannique – Belize, Bélize, ou Belise selon la langue…

Un très bel exemple est Ceylan :

Le Sri Lanka, en forme longue la République démocratique socialiste de Sri Lanka ou la République socialiste démocratique de Sri Lanka, en cingalais Sri Lankā, Śri Lanka, Çri Lanka ou Śrī La, et Sri Lankā Prajathanthrika Samajavadi Janarajaya, en tamoul Illankai, இலங்கை et Illankai Chananaayaka Chosalisa Kudiyarasu, இலங்கை சனநாயக சோஷலிசக் குடியரசு, en anglais Sri Lanka et Democratic Socialist Republic of Sri Lanka, anciennement Taprobane, Serendib puis Ceylan jusqu'en 1972,...à en perdre son latin…

2.2. la langue

Ce dernier exemple nous montre également l’importance du choix de la langue.

Ici, comme dans la nomenclature des minéraux, le choix d’une langue est primordial.

De préférence, on utilisera une langue quasi-universelle, l’anglais ( à mon grand désespoir ) ou le français.

Vous n’allez quand même pas utiliser pour des motifs communautaires le nom « 's-Gravenbrakel » pour Braine-le-Comte ! ou « Lîtche » pour Liège. Démographiquement, « Anvers » est compris par 340 millions de francophones , « Antwerp » par 1.5 milliard d’individus et « Antwerpen » par à peine 30 millions de personnes…Alors le choix n’est-il pas facile ?

On fera aussi attention à franciser ou angliciser correctement les noms « barbares » ou étrangers.

Ces traductions évoluent malheureusement aussi : qui connaît encore le nom français de « Gdansk » ou de « Tbilissi » ? ( Dantzig (en allemand aussi) et Tiflis (dans la plupart des langues)).

Pékin devient Beijing , mais que dire de tous les lieux de Chine….

Effectivement, dès que l’on quitte la zone d’écriture latine, l’indication du lieu devient absolument problématique….

Si vous achetez un minéral à un Chinois qui parle et écrit à peine l’anglais et encore moins le français, vous serez bien en peine d’obtenir des précisions sur le lieu d’extraction de cette magnifique fluorite qui vous fait baver.

Fluorite de Chine (中国 ; en pinyin : Zhōngguó Empire du Milieu), revient à dire pratiquement qu’elle a été ramassée sur Terre ( 16708 fois la Belgique ; Chine, à peine 315 fois la superficie de la Belgique, une fameuse amélioration de la précision).

S’il vous précise que la province est le Hunan (湖南 ; en pinyin : hú'nán ) , c’est déjà mieux (à peine 7 fois la superficie de la Belgique).

Au-delà de cette précision, impossible d’obtenir le moindre détail des revendeurs chinois. En insistant, ils vous donneront une indication complètement fausse (connaissez-vous la géographie de la Chine par cœur ?) ou en insistant encore , ceci : 我不知道 (je vous conseille de relire Tintin et le Lotus bleu avec un dictionnaire chinois – français , vous serez étonné de la traduction !).

Toutes les indications soi-disant précises que j’ai pu obtenir de la part de revendeurs chinois se sont avérées complètement fausses après recherche sur google , mindat, etc….

Il existe des méthodes plus ou moins universelles de transcription d’alphabets ésotériques, comme le Pinyin pour le chinois, mais écririez-vous Zhōngguó pour Chine ?

Moins loin, vous avez le grec, le cyrillique et pourquoi pas le français avec tous ces accents é ç è ù à  ö û …qui ne se trouve sur aucun clavier anglo-saxon…

Un bel exemple est le site de Tørdal (amazonite, lépidolite en pagaille, prononcez teurdal si vous voulez vous faire comprendre par les locaux ) dans le Télémark (ou Telemark ) en Norvège : la référence du site est dans mindat.org : Høydalen, Tørdal, Drangedal kommune, Telemark fylke, Norge…Voilà ce qu’il aurait fallu écrire sur l’étiquette….

Pour simplifier les choses au niveau des états et des provinces, il existe un système universel d’acronymes qui permet de se comprendre un peu mieux de façon internationale .

Le meilleur site web qui reprend toutes les normes à ce sujet est : http://www.statoids.com/

Ainsi les pays peuvent se mettre en 2 caractères ( BE pour Belgique ) (code ISO) :

http://statbel.fgov.be/fr/statistiques/collecte_donnees/nomenclatures/iso/

Mais on peut aller plus loin pour les provinces : par exemple http://www.statoids.com/ube.html pour la Belgique, indépendamment du régime linguistique… et pour les villes, pourquoi ne pas utiliser le code postal...

2.3. les homonymes

Vous serez aussi attentif aux homonymes.

C’est surtout le cas pour les pays neufs comme les USA, où l’on retrouve pour des raisons parfois nostalgiques de la part des colons, par exemple, les villes de Paris , Athènes , Fredericksburg , Carthage ( !!! ) Praha , Moscow,…au Texas.

J’ai même trouvé un hameau appelé Bruxelles dans les Alpes de Haute Provence ! Et un lieu-dit Jauniaux en Normandie.( ah ! ah !.. original !!! ).

Et donc, si vous utilisez le nom d’un lieu-dit, il est prudent de le compléter par le nom de la localité, de la commune, de la province, et du pays….(On peut s’arrêter là, les pierres de lune sont plutôt rarissimes et on indique, pour les météorites, l’endroit de leur chute).

3. Les coordonnées

Finalement, la meilleure façon, très scientifique, ne serait-elle pas d’indiquer tout simplement les coordonnées de l’endroit ?

Hélas non !

Si l’endroit n’est pas connu avec précision, comment en donner les coordonnées ? (quelles sont les coordonnées du Pakistan ? celles de la province de Sichuan ?)

Avant l’arrivée du GPS, les coordonnées se déterminaient avec sextant, montre, cartes et boussole et s’exprimaient en degrés, minutes et secondes de latitude Nord ou Sud et de longitude Est ou Ouest. La précision de la seconde correspond à peu près à 30m, mais on peut indiquer les dixièmes, voire les centièmes de seconde d’arc.

Seul petit problème, mais de taille…la référence !

Si la latitude ne pose pas de problème….l’équateur est à 0°, le pôle Nord à 90°N et le pôle Sud à 90°S , on ne s’est pas mis d’accord tout de suite pour la longitude, et son méridien de référence, malgré des traités internationaux.

Jusqu’au XXème siècle, chaque pays avait son méridien de référence ( Uppsala en Suède, Tolède en Espagne,…). Le plus connu était celui de Paris, qui a notamment servi à définir le mètre à l’époque de la Révolution. Pire, les Français ont même été jusqu’à décimaliser l’angle et ont inventé le grade (100 grades = 90 degrés )... si bien que je me retrouve avec des cartes pas si anciennes que cela avec des coordonnées en grades du méridien de Paris.( exemple Hornu sur l’ancienne carte géologique de Belgique n° 150 de 1895, se trouve à 56g03 Nord et 0g60 Ouest , mais est-ce bien par rapport au méridien de Paris ou au méridien de l'Observatoire de Uccle ?? ).

Heureusement, tout le monde s’accorde maintenant pour n’utiliser que le méridien de Greenwich.

Je ne parlerai pas des projections, quadrillages et numérotations purement locaux comme les projections Lambert revues sans cesse (1924, 1951, 1972, 2008,…) et qui disparaitront peut-être grâce à une projection universelle, UTM (Universal Transverse Mercator) et un système géodésique et de quadrillage (presque) universel ( WGS84 ) utilisé par tous les GPS.

Les conversions d’un système de coordonnées à un autre peuvent être trouvées sur Internet :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Transverse_Universelle_de_Mercator ,
http://www.ngi.be/FR/FR4-4.shtm

(bonne chance ! Munissez-vous d’une bonne calculatrice ! )

Sans oublier que dans certains cas, il conviendrait aussi d’indiquer l’altitude ou la profondeur ou le niveau dans le cas d’une mine ou d’une carrière. J’ai par exemple de magnifiques fossiles du Houiller de Waterschei,…en provenance de la mine de charbon… à 935m de profondeur !! et du soufre de Saint-Vaast en provenance d’un carottage de plusieurs centaines de mètre sous la surface.

Et dans ce cas aussi, on manque de référence universelle : (altitude = 0m : niveau du sol, niveau moyen de la mer à Ostende, ... )

Pour la Belgique, le système de référence est le DNG (Deuxième Nivellement Général), défini depuis 1968. La référence est le repère GIKMN situé à l'Observatoire Royal de Belgique à Uccle ayant une altitude de 100,174 mètres correspondant à peu près à l'altitude mesurée avec l'ancienne référence, le niveau moyen des mers TAW (Tweede Algemene Waterpassing) et définitivement abandonnée à partir de 1946 de par son manque de précision.

Pour la France la référence est située à Marseille (le "marégraphe" ).

Pour les USA, la référence est le niveau moyen de la mer dans le Golfe du Mexique....

Et attention aux unités (mètre ou pied (feet (ft)) et même brasse (fathom (fm)) pour la profondeur)

( cfr http://geodesie.ign.fr/contenu/fichiers/Altitude_lieu_France.pdf ,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Altitude )

4. Le GPS , Internet

4.1 le GPS

Vous savez, c’est ce petit appareil qui, au départ, était utilisé par l’armée américaine à des fins inavouables. Il s’est, depuis son invention, démocratisé et sophistiqué et est même devenu un outil indispensable pour circuler en ville.

Il est loin le temps de mon premier « Magellan » (pas si loin : 1995 !) à l’écran noir et blanc, sans aucune carte, et 2 minutes en moyenne pour trouver les malheureuses coordonnées peu précises de l’endroit où je me trouvais.

A l’heure actuelle, vous en avez sans doute un dans votre voiture, avec des cartes en couleurs, dans votre Iphone, Ipad, Ipod, Idiot…

>Mais attention, encore une fois sa précision peut-être trompeuse…

Je me suis retrouvé par exemple perdu en plein désert au Sud de San Antonio (Texas , USA) à la recherche de bois pétrifié et ai rebroussé chemin (200 miles tout de même) alors que j’étais à quelques mètres du site, à cause de ce GPS ! Idem près de Libbiano en Toscane alors que je me trouvais dans un chemin creux parallèlement à ce qui semblait être une grande route et qui ne venait pas à ma rencontre !

Tout d’abord, le système GPS (Global Positioning System) nécessite la réception de signaux satellites,…4 au minimum pour les coordonnées, 5 si on espère une indication supplémentaire d’altitude. Plus il y a de satellites réceptionnés, plus la précision est grande.

Bref, cela est plus difficile par temps belge (nuageux) , en pleine forêt dense, et impossible sous terre( oubliez ce système dans les mines et carrières souterraines ).

Le système était brouillé,…la précision maximale était réservée aux militaires américains. Il semble que ce ne soit plus le cas actuellement. La précision maximale est de l’ordre de 6m, généralement pas mieux que 15m, mais largement suffisante pour retrouver un site à cailloux.

Notons aussi que les cartes associées au GPS peuvent aussi être entachées d’erreurs ou de précision ou manquer de mise à jour (cf. ma mésaventure de Libbiano).

4.2 Internet

Evidemment, grâce aux moteurs de recherche tel que mindat , on peut corriger certaines erreurs d’étiquette, ou repréciser certains lieux. De même avec google map ou google earth.

Je me demande ce que nous ferions sans eux….

5. En conclusion

Comme toujours, notre passion nous impose la précision que la science exige pour son application.

Je m’aperçois toutefois que ma passion pour la géographie m’a entraîné un peu loin dans certains détails. Mais j’ai voulu insister sur la nécessité de rechercher à tout prix une précision parfois élémentaire mais claire pour tout le monde.

Comme pour chacun des articles précédents, j’ai pu, je crois, facilement démontrer que nous avions dans le domaine, au départ très simple, d’une localisation sur une sphère (la terre), affaire à une nouvelle tour de Babel qu’il serait temps de détruire à tout jamais….

Marc Jauniaux

6. Autres Références :

promenadegeol.php
fauquez.php
cartegeolbelgique.php

Wikipedia :

Liste_des_langues_par_nombre_total_de_locuteurs
http://fr.wikipedia.org/wiki/Méridien
Global_Positioning_System
Ceylan
http://fr.wikipedia.org/wiki/Altitude

Autres :

mindat.org
google maps
google earth
http://www.statoids.com/

Liste complète des communes belges y compris les territoires annexés par Ernest Sambrée (1920 ?)
Cartes Ferraris éditées par l’IGN Belgique
Cartes topographiques diverses de l’IGM et de l’ IGN Belgique
Cartes géologiques anciennes et modernes

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