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Centre de Minéralogie et de Paléontologie de Belgique
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© Texte et Photos : MJX, sauf indication contraire.

recueilli par Marc JAUNIAUX
(*voir fin d'article)

On lisait dans le Nouveau Manuel complet de Géologie de M. Huot paru en 1852 à la librairie encyclopédique de Roret quelques recommandations intéressantes…

CHAPITRE XXX.

INSTRUCTIONS PRELIMINAIRES RELATIVES AUX VOYAGES GEOLOGIQUES.

Préparatifs nécessaires avant de se mettre en voyage.

555. - On ne peut étudier la géologie avec fruit qu'en examinant les roches dans les terrains qui les renferment ; qu'en faisant en un mot des courses et des voyages géologiques.

556. - Lorsqu'on a parcouru la contrée que l'on habite, il faut aller au loin étudier les terrains que l'on ne connaît encore que par des descriptions géologiques plus ou moins exactes.

557. - Nous n'avons pas besoin de dire comment se font les courses géologiques , chacun comprendra parfaitement qu'elles ont pour objet d'examiner la configuration du sol, les escarpements qui montrent les couches à nu, et les carrières ouvertes dans le but d'exploiter certaines roches. Ces voyages offrant d'autant plus de difficultés qu'il s'agit d'étudier des pays plus étendus, exigent souvent quelques préparatifs dont nous nous bornerons à indiquer les principaux.

558. - Ainsi que I'a dit le savant géologue allemand, M. de Léonhard , avant d'entreprendre un voyage géologique il faut se familiariser autant qu'il est possible avec la constitution minéralogique du pays que l'on se propose d'explorer. L'une des choses les plus importantes est donc de consulter les livres ou les mémoires dans lesquels ce pays est décrit; mais il faut avoir soin de choisir les publications les plus récentes, parce que la plupart des ouvrages géologiques anciens n'ont qu'une valeur relative : souvent les considérations les plus importantes y sont omises ou mal présentées. Ils sont loin d'offrir toujours, avec l'indication des superpositions de roches, des conclusions satisfaisantes sur leur étendue et sur leurs rapports réciproques. Des faits établis par un observateur y sont souvent en contradiction formelle avec les observations d'un autre. Enfin, il y a eu parfois méprise dans l'appréciation des roches, confusion et erreur à l'égard des époques géologiques. Cependant certains ouvrages anciens offrent quelques principes utiles, et présentent des observations qui peuvent servir de points de rappel pour des découvertes ultérieures.

559. - on doit faire un résumé court, judicieux et clair, de ses lectures, que l'on écrit sur des feuilles séparées pour chaque localité, afin de pouvoir au besoin les consulter aisément sur place.

560. - Comme il est indispensable de bien connaître le pays qu'on veut explorer, il faut se munir des meilleures cartes géographiques, représentant dans le plus grand détail le relief de ce pays , ses montagnes, ses plateaux et ses vallées ; et, s'il est possible, les hauteurs des reliefs et les pentes des cours d'eau.

561. - Les collections minéralogiques et géognostiques locales offrent aussi un bon moyen de se préparer à un voyage géologique : ainsi lorsqu'on arrive dans le pays que l'on se propose d'explorer, il est utile de consulter les collections particulières et publiques qui peuvent y exister. Elles donnent une connaissance quelquefois précieuse de sa constitution géognostique, de la nature des montagnes, des substances minérales qu'elles renferment et de certains faits qu'il faut y étudier.

Instruments nécessaires pour tout voyage géologique .

562. - Les instruments du géologue varient suivant la nature des recherches qu'il se propose de faire, l'étendue de son voyage, et la constitution géognostique du pays à explorer. Ces instruments doivent se réduire au strict nécessaire, car rien n'est incommode en voyage comme d'être muni d'ob­jets qui n'ont point une utilité réelle. Nous n'indiquerons donc que les instruments que l'on peut regarder comme indis­pensables.

563. - Les marteaux appartiennent essentiellement à cette classe d'instruments. il est d'autant plus utile de s'en munir, que ceux que l'on trouve dans le commerce et qui sont en usage pour différents métiers ne conviennent point aux géologues; il faut que ces marteaux aient des formes spéciales pour servir à casser les roches et à les échantillonner ; d'ailleurs ils doivent être en acier et trempés de manière à n' être pas cassants.

564. - I1 est nécessaire d'être muni du deux marteaux au moins, l'un doit être du poids de 3 à 5 livres : il est destiné à attaquer les roches les plus dures et les plus tenaces, telles que les syénites, les granites , les euphotides, etc. ; l'autre doit peser un peu plus d'une livre ; il sert à échantillonner des roches moins dures, telles que les calcaires et même les grès ; un troisième marteau, plus petit, est utile pour donner aux échantillons une forme régulière qui permet ensuite de les ranger facilement dans les tiroirs des meubles à collections.

La forme la plus convenable à donner an marteau destiné à attaquer les roches dures, est celle qui présente un tranchant arrondi aux deux extrémités (Pl. 4, fig. 1) . Le second marteau, présente d' un côté un tranchant arrondi , et de l'autre, une masse quadrangulaire (Pl. 4, fig. 2) . Le troisième, des­tiné à tailler et à terminer les échantillons, remplit fort bien ce but lorsqu'il est petit et mince, et qu'il présente, vu de face, un hexagone allongé (Pl. 4, fig. 3) . Enfin, M. Robinson d'Edinbourg a fait construire un marteau en forme de rondelle, dont le profil présente un biseau. Comme ce marteau ne frappe que sur un point rétréci, il est très commode pour diminuer un échantillon de la quantité que l'on juge convena­ble (Pl. 4, fig. 4) .

565. - J'ai tiré un assez bon parti d'une canne à tête de marteau pour pouvoir conseiller d'employer cet instrument que j'ai fait exécuter de la manière suivante : une tête de marteau en acier bien trempé, longue de 9 centimètres, haute de 2 à 3, carrée à une extrémité, aplatie à l'autre, présentant un col creux, qui s'emmanche sur une canne eu bois de cornouiller, au moyen dé deux broches en fer rivées, forme la partie supérieure de cet instrument ; l'autre extrémité se termine par un ciseau de 20 à 22 centimètres de longueur, fixé à la canne comme la tête. A l'aide de ce ciseau, on peut détacher facilement certains morceaux assez gros, en l'intro­duisant dans les fentes que présente la roche. La canne est longue de 80 centimètres ; les centimètres y sont marqués de 10 en 10, en sorte qu'elle peut servir de mesure (Pl. 4, fig. 5) . J'ai parcouru les Alpes, une partie de l'Allemagne et la Crimée , armé du cet instrument, et j'ai reconnu, d'abord, qu'il était utile comme canne pour monter et pour descendre ; ensuite, qu'il pouvait remplacer un marteau de 3 livres, parce que la longueur du manche permet de donner des coups d'une grande force ; enfin, ce qui peut être quelquefois fort utile en voyage, cet instrument présente une très bonne arme défensive.

566. - Comme les marteaux sont embarrassants à porter, afin de n'en éprouver aucune gêne, j'ai fait faire une ceinture en cuir, an moyen de laquelle on peut en porter facilement trois, en les faisant passer dans des pattes en cuir qui servent à les recevoir, lesquelles pattes sont munies d'une petite courroie à boucle, destinée à retenir la tête du marteau. Cette ceinture est large de 7 à 8 centimètres afin qu'elle puisse se soutenir sur les reins sans les fatiguer (Pl. 4, fig. 6) . Elle se place sous la redingote ; et comme le gilet la cache presque entièrement, elle n'a pas l'inconvénient de donner cet air singulier qu'il faut éviter en voyage.

567. - Un ciseau en acier, semblable à ceux dont se ser­vent les tailleurs de pierres, est souvent utile lorsqu'il s'agit de fendre des roches, et d'en extraire des minéraux et des fossiles; mais comme on n'en a besoin que dans certaines localités, nous pensons qu'il peut être remplacé avec avantage par un instrument tout en fer, qui est à la fois un marteau et un ciseau dont nous donnons la forme (Pl. 4, fig. 7) , et qui remplit parfaitement l'office du ciseau en même temps qu'il sert de marteau pour casser les échantillons.

568. - Un instrument dont on ne peut se dispenser dans les contrées montagneuses, est le compas, appelé aussi boussole. Il sert à mesurer la direction et l'inclinaison des couches. Sa forme et sa grandeur sont celles d'une montre (Pl. 4, fig. 8) . Un aplomb, nécessairement mobile, indique le degré d'inclinaison. Un petit pied, qui rentre dans la boîte de l'instrument, sert à le placer d'aplomb; enfin, un ressort rend l'aiguille immobile, lorsqu'on ne se sert pas de l'instrument.

569. - On remplace avantageusement le compas que nous venons de décrire, par le clinomètre, instrument inventé il y a quelques années en Angleterre, et qui est encore peu connu en France. C'est une alidade en bois, divisée en deux portions réunies par une charnière en recouvrement (Pl. 4, fig. 9) , dont chaque branche a 6 pouces de longueur, et qui, fermée, n'a que 2 pouces de largeur. La branche inférieure, qui est la plus large, et qui doit servir de ligne d' horizon, est accompagnée d'un niveau à bulle d'air, destiné à donner exactement cette ligne ; une boussole placée dans l'épaisseur de la branche sert à indiquer la direction des couches. Dans l'instrument anglais, cette boussole est immobile ; mais nous avons fait une modification qui en rend l'emploi plus commode : elle se tourne de manière à être horizontale, et il en résulte qu'elle donne plus facilement la direction des couches. Un quart de cercle gradué attaché à la branche supérieure, indique l'ouverture de l'angle qu'une couche forme avec l'horizon. Ce qui rend ce clinomètre fort utile, c'est qu'il peut. servir à mesurer à distance l'inclinaison des couches d'une montagne.

570. - Une chaîne composée d'un ruban enroulé sur un pivot et renfermé dans une boite en cuir, de 9 à 10 centimètres de diamètre (Pl. 4, fig. 10) , est encore un instrument peu embarrassant, et qui est souvent utile, lorsqu'il s'agit de mesurer l'épaisseur de certaines couches. ou la pro­fondeur de quelques excavations. Une boite, du diamètre que nous venons d'indiquer, peut contenir une chaîne de 10 à 15 mètres de longueur.

571. - Dans les hautes chaînes de montagnes comme dans les Alpes, un bâton en bois solide et léger, ayant 6 à 7 pieds de longueur , et armé d'une pointe en acier à son extrémité inférieure, est indispensable pour les excursions, parce qu'il donne plus de sûreté dans la marche pour monter, et surtout pour descendre sur des pentes très rapides. Ces sortes de bâtons se trouvent dans la plupart des pays de montagnes où ils sont nécessaires : Les guides en sont toujours pourvus.

572. - La nécessité de restreindre, autant que possible, le nombre d'objets à emporter en voyage, nous oblige à n'indiquer parmi ceux qui sont nécessaires à l'examen des roches, que les indispensables; ainsi, on se munira d'une bonne loupe à deux on trois verres, que l'on aura soin de porter au cou, au moyen d'une gance et d'un anneau.

573. - On aura dans sa poche un briquet et une lime, pour essayer la dureté des roches.

574. - On se munira aussi d'une pince à extrémités en platine (Pl 4, fig. 11) ; d'un chalumeau en métal, à pointe également en platine, et d'une petite lampe à esprit de vin (Pl. 4, fig. 12) ; d'un barreau aimanté (Pl 4, fig 13) que l'on porte dans un étui en bois (Pl 4, fig 13bis) et qui sert à faire des expériences sur le magnétisme des roches, et surtout à reconnaître les parties ferrugineuses dans des fragments de roches triturés suivant le mode d'analyse mécanique de M. Cordier. Afin d'arriver à ce résultat, on a aussi besoin d'un petit mortier en agate.

575. - Pour distinguer les roches calcaires ou calcarifères des autres roches, il est indispensable d'emporter un flacon en verre contenant de l'acide nitrique on azotique non concentré. L'effervescence que produit une goutte de cet acide sur la roche indique la présence du carbonate de chaux.

576. - Quelques instruments de physique sont fort utiles aussi au géologue en voyage: le baromètre à siphon de M. Gay-Lussac, instrument qui se place dans un étui en forme de canne, ou le baromètre de Bunten, qui se porte dans un étui en cuir, sont indispensables pour mesurer les hauteurs. Le fabricant d'instruments de physique que nous venons de nommer vend de petits thermomètres très bons et très portatifs qui se renferment dans des étuis en cuivre argenté longs de 6 à 8 pouces, et qui ne sont pas plus gros qu'un tuyau de plume. On sait que pour faire les expériences du baromètre il faut se servir d'un thermomètre que l'on compare à celui qui est adapté au baromètre.

577. - Les thermomètres à maxima et minima sont des instruments essentiels pour prendre la températures des cavernes, des mines, des sources, des lacs et des mers.

Nous n'avons pas besoin de décrire des instruments de physique, parce qu'il y en a plusieurs de différentes formes et bien connus, qui remplissent parfaitement le but qu'on se propose en les employant.


Planche 4.

Vêtements de voyage

578. - Une redingote courte en drap léger est plus com­mode en voyage qu'un habit, d'abord, parce qu'elle protège mieux contre la pluie, les vents froids et les changements de température que le voyageur éprouve dans les montagnes ; ensuite, parce qu'on peut la munir de quatre poches au moins que l'on fait faire en une peau flexible et solide, et dans lesquelles on met de nombreux échantillons de roche.

579. - Les pantalons doivent être larges et , autant que possible, en drap gris, parce que cette couleur est peu salissante. Les chemises doivent être en coton plutôt qu'en toile, parce que le coton évite un refroidissement trop prompt.

580. - La coiffure la plus commode est une casquette en drap, à visière; mais comme on ne peut pas se présenter par­tout en casquette, il est bon d'emporter un de ces chapeaux qui se plient, et qui portent le nom du chapelier Gibus, leur inventeur.

581. - La chaussure devant être solide, il vaut mieux avoir des souliers en cuir de buffle d'Amérique qu'en cuir de bœuf . De bons souliers très couverts et épais, garnis d'une demi-semelle attachée avec une double rangée de clous ou de vis sont préférables aux bottes et aux souliers de chasse couverts d'une guêtre ; car dans les chemins pierreux, les sous-pieds de la guêtre sont bientôt usés.

582. - Pour se garantir de la pluie et de la neige, il est utile de porter un parapluie appelé polybranches, qui fait canne et parapluie à volonté, parce que lorsqu'il est en canne on met le taffetas dans la poche. Mais un meilleur moyen de se préserver de la pluie, surtout pendant les orages et sur les lieux élevés exposés aux vents, est un manteau en drap imperméable, mais poreux comme ceux que l'on a nouvellement inventés, car les manteaux en toile cirée ou en étoffe imprégnée de caoutchouc, interceptant la transpiration, on se trouve à la longue aussi mouillé par l'effet de cette transpiration, qu'on aurait pu l'être par l'effet de la pluie.

583. - Comme il y a quelquefois de l'inconvénient à parcourir un pays dans un costume qui attire l'attention, il est bon non seulement de placer la ceinture à marteaux sous sa redin­gote, mais de faire adapter au havre-sac, destiné à être sur le dos, une passe en cuir qui permette de le porter comme une gibecière de chasseur. Ce havre-sac doit d'ailleurs différer de celui des soldats : pour cela, il est bon que la peau qui le recouvre soit en veau marin et qu'il soit garni d'un grand nombre de poches extérieures, dans lesquelles on trouve toujours à placer une foule de petits objets, de toilette ou de voyage.

584. - Le havre-sac est très utile si l'on voyage à pied, mais, comme on en a besoin pour mettre les échantillons que l'on recueille, il est souvent indispensable d'avoir une malle que l'on envoie en avant dans la première ville où l'on doit s'arrêter.

Les meilleures malles, sont celles qui sont faites totalement en cuir : elles durent beaucoup plus longtemps que celles dans lesquelles il entre du bois.

585. - Les voyages géologiques n'exigent cependant pas que l'on soit constamment à pied ; on peut facilement voya­ger à cheval, accompagné d'un guide auquel on confie sa mon­ture toutes les fois qu'on a quelques observations à faire ou des échantillons à recueillir. C'est presque toujours à cheval que nous avons parcouru la Crimée.

Règles de conduite à observer en voyage.

586. - Ainsi que l'a conseillé M. Boué, l'un de nos plus intrépides géologues voyageurs , une tenue modeste et sans recherche, une dépense qui n'excite ni la cupidité des hôtes ni celle des guides , sont des points essentiels à observer en voyage. « Si l'on s'habille trop mal, et si l'on voyage en dépensant trop peu d'argent, dit-il, il peut arriver que, dans certains pays, on soit pris pour un artisan, mal reçu dans les auberges et vexé même par les polices locales. Dans ce dernier cas, rien de mieux que de mettre promptement ses meilleurs habits et d'aller parler aux chefs de bureaux, car en général les tribulations d'auberge et de police ne proviennent que des employés subordonnés, qui mesurent leurs égards à la qualité des habits et à la tenue du voyageur. »

587.- La qualité à prendre en voyage n'est point une chose indifférente : celles de militaire, de négociant , de naturaliste même. exposent dans certains pays à des examens de la part des douaniers, à des retards et à des questions qu'il est bon d'éviter. Les qualifications de professeur, d'ingénieur des mines on d'ingénieur des ponts et chaussées sont celles qui épargnent le plus les questions oiseuses.

588. - II faut autant que possible savoir la langue du pays que l'on visite; c'est le meilleur moyen de s'épargner toutes les petites vexations auxquelles sont exposés les étrangers dans beaucoup de contrées.

589. - L'usage des liqueurs spiritueuses est mauvais en voyage; il y a aussi de l'inconvénient à boire beaucoup et souvent : c'est exciter la transpiration ; mais c'est une bonne précaution à prendre que celle de se munir d'une petite bouteille de liqueur alcoolique et d'une tasse en cuir, afin de corriger la crudité ou la fraîcheur de l'eau de source qu'on rencontre, si l'on a le besoin réel d'étancher sa soif.

590. - Dans un voyage géologique, il faut s'habituer à ne manger que deux fois par jour : le matin an moment du départ, et le soir au gîte qui doit terminer la course.

591. - Certains voyageurs fixent à l'avance, non seulement les points d'arrêt de chaque journée, mais encore ceux de tout un voyage. Celui qui s'occupe de géologie peut moins que tout autre s'astreindre à ces mouvements méthodiques : il doit s'efforcer de voir le plus de choses dans le moins de temps possible; mais lorsqu'une localité présente des faits qui peuvent conduire à des indications importantes, il doit y consacrer tout le temps nécessaire sans s'inquiéter si ses recherches allongeront le temps du voyage.

592. - Lorsqu il s'agit d'arrêter un prix avec les guides et les conducteurs de voitures ou de mulets, if faut prendre beaucoup de précautions pour n'être pas dupé. En Italie, et surtout en Suisse, comme l'a fait remarquer judicieusement M. Boué, les voyageurs sont obligés d'avoir recours, pour le choix de ces guides et de ces conducteurs, à des courtiers qui ne voient dans cette affaire que leur intérêt ; or, la loi permet que les voyageurs soient à la merci de ces entremetteurs et passent de main en main, de telle sorte qu'ils sont en général mal servis pour leur argent, et qu'ils sont même exposés à des dangers réels par la négligence de leurs guides, parce que ceux-ci n'obtenant qu'une partie de leur salaire convenu, ne sont souvent pas suffisamment rétribués.

593. – « J'ai eu aussi, dit M. Boué, de semblables mésaventures çà et là en Allemagne ; mais dans les petits états du nord de cet empire, il se pratique sur les étrangers un autre genre d'escroquerie, savoir : de forcer les voyageurs à prendre tel ou tel cocher, à tel ou tel prix, au moyen de témoins habilement introduits, sous divers prétextes, dans les lieux où se discutent de semblables arrangements. On a beau ensuite affirmer qu'on n'est pas convenu du prix, les témoins sont là, les conducteurs sont bourgeois de la ville, et, en cette qualité, la plainte du voyageur n'est plus une affaire de police, mais de cour correctionnelle. II faudrait rester plusieurs jours dans une ville pour obtenir justice, et l'on est obligé de se laisser voler, comme cela m'est arrivé dans la première auberge de Hildesheim en Hanovre.

594. - II ne faut prendre des guides que lorsqu'il y a urgence, car ce sont en général les plus ennuyeux compagnons que l'on puisse trouver, et dont le moindre défaut est de vous obséder de questions. Souvent l'ennui les gagne par les fréquentes stations que nécessitent les observations, et dans ce cas, ils marchent en avant et sont toujours hors de portée quand on a besoin de leurs services. D'autres fois, si l'on n'y prend garde, ils se débarrassent des échantillons de roches qu'on leur confie. Il est arrivé à des géologues, dit M. Boué, d'avoir à recommencer des excursions, parce que des guides avaient jeté à mesure tout ce qu'on leur avait donné à garder, on avaient eu la bonhomie, de ne remplir leur besace qu'avec les pierres prises à côté de l'auberge où se terminait la course. »

595. - Nous devons encore faire observer que le choix de la saison pendant laquelle on veut entreprendre un voyage n'est pas indifférent, et mérite d'être fait avec discernement : ainsi, dans le nord de l'Europe, les voyages géologiques doivent avoir lieu en été et en automne; le printemps est favorable pour voyager dans l'Europe centrale ; l'hiver doit être préféré lorsqu'on se propose de visiter l'Europe méridionale, et surtout les contrées qui bordent la Méditerranée. Pour parcourir les plus hautes montagnes de l'Europe, il faut, dit M. Boué, choisir les mois de juillet, août et septembre; cependant l'automne est souvent préférable pour voyager dans les Pyrénées.

* Remarque importante.

Même si cet extrait d'un livre ancien est dans le domaine public, et donc libre de Copyright, il est le résultat d’un travail personnel de recherches et de réédition. Toute copie, même partielle, est sujette à autorisation de l’éditeur.


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